Cela faisait six ans, depuis la guerre du Golfe, que l'Irak vivait sous embargo onusien. Hier, un accord est intervenu entre Bagdad et la communauté internationale qui allège, pour la première fois, les sanctions imposées à l'Irak. L'étau se desserre donc, conformément à une résolution de l'ONU votée en 1995, mais très légèrement. En fait, l'Irak pourra à nouveau exporter du pétrole, et recevoir en échange de la nourriture et des médicaments. Mais Bagdad ne pourra vendre que 700000 barils par jours (quatre fois moins qu'avant 1990), et pour une valeur maximum de un milliard de dollars par trimestre. Les sommes récoltées seront directement gérées par l'ONU, et elles serviront notamment à financer les missions des experts onusiens, et les victimes de l'invasion du Koweit.
Cet accord, limité, a été motivé par "les besoins humanitaires du peuple irakien". Car depuis six ans, 20 millions d'entre eux vivent dans des conditions plus que précaires, et le taux de mortalité dû à la faim ou aux maladies a été multiplié par sept. Soulagée, la population a accueilli cette décision en descendant dans la rue, où l'ambiance était hier à la joie et à la fête.
Pourtant, ce n'est pas la perspective de voir son peuple vivre un peu mieux qui a poussé Saddam Hussein à se mettre sous le contrôle de l'ONU. L'objectif du Président irakien reste celui d'une levée totale de l'embargo. Mais du côté de la communauté internationale, on ne veut pas en entendre parler. Bien que les Etats-Unis se soient déclarés "ravis" de cet "excellent accord", de même que la Grande-Bretagne et la France, le porte-parole de la Maison Blanche, Michael MacCurry, rappelle fermement la position de son pays : pas question d'alléger les sanctions tant que toutes les résolutions de l'ONU n'auront pas été appliquées, et en premier lieu celle portant sur l'élimination des armes de destruction massive.
Sur le marché du pétrole, l'annonce de l'accord n'a pas provoqué de grands chamboulements, car les opérateurs avaient anticipé la nouvelle. Malgré une petite chute d'un-demi dollar le baril, le cours du brut a rapidement retrouvé son niveau normal.